Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Un an en Equateur
13 juin 2013

Esmeraldas - Province verte

Bonjour à tous, 

 Je reviendrai d'abord sur le fait que ce titre, au fil du temps, oui, vous savez, ce fameux titre que vous avez écrit une dizaine de fois, "vivreaquito etc", est devenu faux. Effectivement, le temps, les opportunités, le stage a fait que j'ai déménagé à Esmeraldas, cette ville sur la côte surnommée "verte" car elle a la végétation luxuriante, dont j'ai déjà parlé. Je suis donc dans le mensonge avec ce titre... 

Esmeraldas... Cette ville n'a pas forcément une très bonne réputation. Quand tu dis à un quiteño (quelqu'un de quito ndlr) que tu vas habiter à Esmeraldas, tu as soudain l'impression que la ville où tu vas est en guerre, touchée par dix milles épidémies, et qu'il te faudra du courage, de l'énergie, pour y rester, et surtout... Y survivre! Bon, je vous fais la version courte : je suis arrivée pas très rassurée, pour un peu, je m'imaginais une scène de film, où je serai l'héroïne, et où je ferai une course poursuite contre un vilain monsieur qui voudrait me dérober. Quoique cette scène me plaisait, je préférais ne pas la vivre car je n'étais pas certaine de l'issue... 

Je suis arrivée avec mon sac à dos (toujours le même, quechua de 60l), un jour de mai, le 18 exactement; ayant fêté mon départ de Quito (toutes les occasions sont bonnes pour faire la fête... Sachant que je quitte Quito, que j'arrive à Esmeraldas, puis que je quitterai Esmeraldas et que j'arriverai à Quito, nous sommes dans une moyenne de 4 soirées rien que pour moi. Puis, je quitterai Quito, et j'arriverai en France, et bim 6! Multiplié par le nombre d'amis que j'ai - et j'espère que vous ne doutez pas de ma sociabilité -... J"ai laissé tomber le calcul), j'étais trèèèèès fatiguée. J'ai senti que mon voisin de bus avait le souhait de me parler, mais là, je l'avoue j'ai fait mon asociable (trop de sociabilité tue la sociabilité), et je me suis tournée côté fenêtre, avec mon pull en guise d'oreiller, et j'ai fermé les yeux. Comme à la pause, ma vessie faisait des siennes, j'ai ouvert les yeux, et suis sortie faire un tour. Et hop, mr voisin du bus s'est jeté sur l'occasion! Et voilà qu'il me parle, et que je parle aussi, et que... Mon sommeil, il est où ?! Bon, si mr bus se reconnait (il faudrait qu'il ai appris le français, qu'il ai regardé tous les blogs de françaises... Mais ne sait on jamais, internet fait des miracles!), ce n'est pas contre lui, c'est juste que j'avais quelques heures de sommeil en retard... Bref, j'arrive, je descends, et là... La chaleur me prend, m'absorbe, et ne me lâche plus. Ca y est, elle veut m'épouser! (cete blague est fictive. Toute ressemblance de cette blague avec une loi passée en France serait purement fortuite) Un peu secouée, mais pas désespérée pour autant, je fais quelques pas, jusqu'à ce que je me rende compte que l'eau qui coule de mon visage n'est rien d'autre... Que de la sueur ! Un cri, de désespoir cette fois, sort de ma bouche. 

Je hèle un taxi (au vu du nombre de taxis qu'il y a ici, et si vous ne comprenez pas comment un taxi peut être héler, vous avez le droit de changer le mot taxi par le mot bus), et zioup, je me retrouve en deux temps trois mouvements à la maison. Enfin ma troisième maison de l'année, j'ai été assez productive ce coup-ci. Je vis en réalité dans la résidence de l'Université catholique, et cette résidence est sur une colline. A cette donnée, il y aurait comme aspect positif le fait que la vue est superbe (cf ci-dessous); l'aspect négatif qu'il ne faut pas oublier est... Qu'il faut monter ! Et puisque la chaleur a décidé de me marier, hé bah, c'est pas tous les jours faciles. 

P6120660 retouch

Ici la vue. Je vous épargne la montée, vous en seriez fatigués d'avance, et moi-même je ne veux pas penser à ce qui m'attend demain... 

Donc, j'arrive là, mais je n'ai pas vu grand chose, mes yeux étant encore embrumés par mon manque de sommeil de la veille. Je descends les quelques marches, rentre dans une chambre qui est devenue la mienne entre temps (un peu de bazar, et tout de suite, je me sens à la maison!), et entame une sieste bien méritée. Bon, d'accord, on ne peut pas dire qu'elle est méritée quand elle est due à une soirée un peu trop longue, mais disons que mon corps la méritait, alors que ma tête qui m'a fait me coucher tard, celle-là elle a eu que ce qu'elle mérite ! Mais je voulais pas créer un conflit corps-tête, trop dangereux, ce qui fait qu'on va dire que tout le monde la mérite, hein?... 

Et puis, comme on fêtait mon arrivée... Je repars ! On ne fêtait pas vraiment mon arrivée, mais peu importe... J'ai ainsi pu rencontrer les gens de la résidence, d'Esmeraldas, d'un peu partout à vrai dire. 

Mais comme ma vie ne se résume pas à une longue fête, et que parfois, il faut travailler (n'est-ce pas augustin? ;)), lundi était le jour du début. Ou de la fin. Enfin, y'avait un truc qui allait changer quoi. Mais mon corps ne l'a pas entendu de cette oreille; ainsi, qu'impossible de dormir! Après avoir investigué, je ne sais toujours pas quelle est la cause de cette insomnie, mais j'ai 3 théories: 

1/ Mon corps était complètement perdu, entre le jour et la nuit, à force de dormir le jour et sortir la nuit. 

2/ La chaleur m'empêchait de dormir (car j'avais très chaud, ce choc thermique, mon corps n'en revenait pas). 

3/ J'étais stressée. 

Je ne saurais jamais... Vous penchez pour une hypothèse? 

Bref, lundi je commençais mon investigation. Comme vous le savez peut être, je fais une enquête sur la perception qu'ont les Esmeraldeños (gens qui vivent à Esmeraldas ndlr) vis-à-vis des risques liés à la raffinerie, dans le cadre d'un projet appelé MONOIL (et ce n'est pas de l'huile pour le corps, je vous le jure), avec l'IRD. Je suis donc allée à Petroecuador, l'entreprise publique qui gère les activités pétrolières, notamment la raffinerie, puis dans les quartiers à côté de la raffinerie, qui sont pauvres. Certains, vraiment pauvres. Je vous passe les détails, mais j'ai vécu un autre type de choc que la chaleur, qui a été la pauvreté. Savoir qu'il existe de la pauvreté est une chose, la voir de loin, mais être "dans" la pauvreté, dans les maisons, parler avec les gens, voir ce avec quoi ils vivent... C'est autre chose. Les premières semaines, j'ai vraiment ressenti l'injustice, que je ne connaissais que vaguement. Je comparais mon enfance, ma vie, le fait de pouvoir étudier, vivre sans se préoccuper de ce qu'on mangera le soir, il suffit d'aller au supermarché, à ce qu'eux ils vivent. Je ne vais pas idéaliser les gens que j'ai rencontré, je ne vais pas vous dire: ayez honte de comment vous vivez alors qu'eux ont si peu, alors que j'ai toujours défendu l'idée que même s'il y a pire que nous, on a quand même le droit de ne pas être bien, mais... Oui, j'ai reçu un choc. Je rentrais chez moi le soir, épuisée physiquement, psychologiquement. Je me suis dit que je n'y arriverai jamais, que j'étais pas assez forte pour faire ça, toute seule, ici. Qu'il fallait qu'ils me remplacent, qu'ils trouvent une autre stagiaire. Et petit à petit, j'y arrive, enfin je crois. J'ai appris à comprendre leur quotidien, leurs préoccupations; je me suis fait, peut être pas des amis, mais des gens que j'apprécie dans certains quartiers. Petit à petit, je n'étais plus l'étrangère, mais Clemencia, ou pour certains qui s'y essayaient, Clémounce, ou un son similaire. J'ai senti qu'un ou deux se confiaient d'eux même; un président d'un quartier, au cours d'une discussion, m'a parlé de son enfance, des difficultés qu'il a eu, et de ce qu'il veut pour son fils. Cette confiance qui se noue est probablement la plus belle chose qu'il me donne. 

J'ai ainsi pu faire mes entretiens, grâce à la collaboration des présidents de barrio, envers lesquelles j'ai une dette presque éternelle. Les entretiens se sont plus ou moins bien passés, les gens comprenaient plus ou moins les questions... Mais les gens ont accepté, de répondre, de me faire entrer dans leur maison, de ne pas vraiment comprendre où tout ça allait mener, mais de dire: oui. 

En Equateur, il y a beaucoup d'évangélistes. (j'y pense avec le:oui) J'ai donc développé une sorte de radar à évangéliste (oui, ça sonne vraiment pas bien). Enfin, dès que quelqu'un me demande si j'ai lu la bible, j'ai des petits phares qui s'allument devant mes yeux et me disent: EVANGELISTE. Parfois, à des moments improbables: l'autre fois, j'étais dans un bus de nuit, la police nous fait sortir pour contrôler nos papiers d'identité, et en rentrant, ma voisine me parle (oui, le bus fait faire beaucoup de rencontres), et la deuxième question porte sur le fait que je suis croyante ou non, si j'ai lu la bible. Sachant qu'il devait être 1h du matin, je n'avais pas grand chose à faire de savoir quel serait le message de jésus aujourd'hui (hérétique que je suis), mais j'ai répondu, en essayant de dire un truc sensé. Bref, elle était évangéliste, et, même si je ne connais pas bien cette mouvance, je dirai qu'il y a une sorte d'extase... C'est pas comme avec le catholicisme, où tout est très encadré, réglé; là, les sentiments prennent toute la place, ils vivent une sorte de relation physique avec la religion, ils le ressentent... Comme je dis, tout ce que je raconte est seulement basé sur les quelques discussions que j'ai eues, et ma perception des choses. Et, alors qu'en France, le thème de la religion est peu abordé, ici, ils se mettent à parler de la religion à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit! 

Enfin, pour terminer sur le thème d'Esmeraldas... Esmeraldas est une ville assez chaotique. J'ai développé une théorie qui est que la ville de France qui parait le plus à Esmeraldas serait Marseille. Bien sûr, les deux villes sont très différentes, mais ont quelques caractéristiques, notamment: une grande communauté étrangère (afro à Esmeraldas), un cosmopolisme, moins d'organisation, un peu plus pauvre, une réputation de ville "dangereuse", une conduite affreuse, un sang plus chaud... Et j'en passe. Mais bon, Esmeraldas bat de loin Marseille en désorganisation. Par exemple, il n'y a presque pas de noms de rue! Il y a toujours dans l'air beaucoup de poussières, ce qui rend parfois l'air irrespirable. Certaines zones n'ont pas d'égout, pas toujours d'eau potable, pas le téléphone etc. Et je sais pas, tout fait désorganisé... Je me sentirai presque dans ma chambre! Quant à l'insécurité... Il y en a, car la ville est pas bien riche, qu'il n'y a pas de touriste, et que de fait une blanche qui se balade ressort beaucoup plus. Mais ce que j'apprécie beaucoup c'est l'ambiance. Les gens me parlent très souvent, me posent des questions, les gens sont beaucoup plus ouverts qu'à Quito par exemple. Et comme il y a peu de touristes, j'ai moins cette sensation d'être toujours happée pour acheter telle ou telle chose, car les choses à touristes existent pas vraiemtn. 

Voilà... Ci dessous quelques photos:

P6010637

Quartier "Lutte des pauvres".

P6120656

Quartier "15 mars".

P6030648

Quartier La Propicia 1.

P6130673

La raffinerie - vue depuis le terminal terrestre. 

Je vais vous abandonner aller dormir quelques heures, surtout que demain et dimanche soir, je passerai la nuit dans des bus pour aller à Guayaquil et en revenir, la plus grande ville du pays ! Je vous souhaite donc à tous une bonne nuit, une bonne journée, et à bientôt. 

J'espère que ceci n'est pas mon dernier article, dans tous les cas je reviendrai vous dire au revoir... Et aussi bonjour puisque la fin du blog signifie les retrouvailles avec vous (et encore des fêtes qui s'annoncent ;))

Publicité
Publicité
Commentaires
Un an en Equateur
  • L'objectif de base était de vous permettre de mettre un peu d'Equateur en France ou de France en Equateur ou les deux, ou... Enfin je me suis moi meme perdue dans les objectifs de ce blog. Maintenant, le seul but est de vous faire lire héhé!
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Publicité